Pour certains, l’abattage de vieux chênes centenaires dans le bois de la Héronnerie est un non évènement. Pour d’autres, ça remue les tripes. Découvrez ci-dessous les réactions à chaud livrées par deux riverains du bois. Vous pourrez aussi re-découvrir un extrait du texte 'La loi du plus fort' écrit par le frère Jean-Paul Wilkin de l'abbaye de Rochefort. Ce texte, écrit dans le contexte du combat pour la Tridaine, conserve toute sa pertinence dans le cas présent.
----Se relever, continuer... Dire, écrire, filmer----
«Les vieux chênes dans le bois de la Héronnerie à Lessive sont abattus ce matin. Le massacre a commencé. Nous sommes étourdis par le bruit des tronçonneuses. Nous restons sidérés à la vue de ces géants qui tombent, et blessés par le craquement de leur écorce, leur coeur avant l'exécution. Nous ne dormirons plus comme avant. Nous allons rêver de leur ramure tendue vers le ciel que nous ne verrons plus.
Comment vivre, comment marcher, que dire, que faire? Nous sommes fatigués par ce combat mené depuis des mois, des années. Nous voulions protéger cette forêt. Avons-nous perdu? Comment nous relever?
[« Le propriétaire à tous les droits sur son bien... »] Qui a dit cela? Nous devons comprendre, analyser l'idée, savoir ce que cela dit. Savoir où se cache le vice. Démontrer la vérité. Se relever, continuer... Dire, écrire, filmer.
Le propriétaire d'un terrain ne peut faire, construire, abattre ce qu'il veut. Il y a des lois qui parlent de voisinage, de quartier, de société et enfin de démocratie... Nous devons réveiller toutes les consciences. Manifester, s'organiser, bloquer cette guerre menée contre notre forêt, refuge de tant de vies, chemins d'avenir pour nos enfants. Non, ce propriétaire cupide n'a pas tous les droits. Il ne peut pas décider seul de la vie et de la mort de notre patrimoine naturel. Non, nous ne pouvons accepter cela. Et oui, nous allons nous relever et nous battre." ----------------------
---- Il paraît qu'il s'agit d'une gestion en bon père de famille ----
« On nous prie d'annoncer le décès par tronçonnage de dizaines de vieux chênes dans la partie privée du Bois de la Héronnerie. Il paraît qu'il s'agit d'une gestion en bon père de famille... Le pic noir qui y a pris ses quartiers ne semblait pas du même avis, tant il criait entre les premiers coups de tronçonneuse. Le pic mar a lui aussi besoin de vieux chênes pour s'établir, de même que le gobemouche noir. Resteront-ils fidèles au Bois dans ces conditions? Les champignons sortiront-ils toujours en automne, après l'écrasement de leur mycelium ("racines") par les engins de débardage? Pour l’orchidée pourpre en tout cas, c’est la fin. Elle est beaucoup trop dépendante du réseau de relation qu’elle entretient avec ses voisins désormais disparus. A quand une protection efficace des vieilles forêts riches en biodiversité? Quand arrêtera-t-on d'exploiter pour de vilains projets spéculatifs des ressources naturelles qu'il a fallu des siècles pour constituer? »
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----Extrait de "La Loi du plus fort" du frère JP Wilkin----
"(...) Nous avons de la chance de vivre dans un continent et dans un pays qui ont tout de la corne d’abondance. Alors, pourquoi mettons-nous tant d’acharnement à détruire ce potentiel ?
Un très beau livre est paru en 2005 : La Fête des Arbres. (Écrit par Benjamin Stassen et publié aux Éditions Antoine Degive). Il retrace, dans le détail, une centaine d’années de combats pour la protection des arbres et des paysages de nos régions. Depuis 1905 tous les grands noms belges des arts et dela culture, de l’édition, de la poli-tique, de l’industrie même (!) se sont unis pour préserver les richesses naturelles de Wallonie et du pays. Des projets industriels, commerciaux, touristiques ; des projets de toutes espèces mais toujours les mêmes dans leur substance constituent des attaques sans cesse répétées contre l’environnement en abusant de l’argumentaire immuable et trompeur de l’emploi.
En refermant ce livre, on est édifié par ce gigantesque effort commun accompli pour sauver notre patrimoine vital. Par cet effort, beaucoup de projets destructeurs ont pu être évités et la nature préservée en bien des endroits. Mais beaucoup d’autres projets ont vu le jour. Ils prétendaient avoir vocation à créer revenus et emplois. Après quelques décennies cependant ils ont disparus, abandonnant derrière eux, détruits et défigurés, des lieux autrefois enchanteurs.(...)"
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