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Un projet immobilier met la Wallonie à l'épreuve de ses ambitions climatiques

Dernière mise à jour : 26 nov. 2021



Suite à l'envoi de notre carte blanche, le service 'Débats' de La Libre Belgique s'est montré très intéressé par le sujet. Il a décidé d'y consacrer un article vu l'ampleur du projet et l'anachronisme par rapport aux enjeux du moment.


Retrouvez-ci-dessous l'article rédigé par Stéphane Tassin qui a été publié dans La Libre du 24/11/2021.

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Un projet immobilier met la Wallonie à l’épreuve de ses ambitions climatiques

Le promoteur dit respecter la nature. Selon les riverains, il va la détruire.


Que va devenir le site appartenant à Proximus à côté du village de Lessive sur la commune de Rochefort? À partir des années 70, c’est là que l’opérateur, qui s’appelait encore RTT, puis Belgacom, proposait à des écoles ou à des touristes de venir découvrir tout ce qui était au top de la technologie de la communication de l’époque. On y trouvait (et on y trouve toujours) de très grandes paraboles qui achevaient de marquer l’identité du site dans l’esprit de ceux qui le visitait.


L’endroit n’est plus exploité par Proximus qui souhaite le vendre. Outre la partie déjà urbanisée (entre 10 et 15 hectares), la parcelle mise en vente compte un espace boisé de 40 hectares qui s’inscrit dans un massif beaucoup plus grand, celui de la Héronnerie connu pour ses chênes plus que centenaires. L'endroit est aujourd'hui convoité par un promoteur immobilier liégeois, Christophe Nihon et sa société Promactif présentée sur son site internet comme étant un groupe qui "mène des projets répondant à des enjeux sociétaux et de développement durable". Le nom du projet : 'Le jardin des paraboles'.


Mais un comité de riverains (Collectif des Antennes) mène depuis quatre ans un combat pour éviter que l’endroit ne soit transformé par le projet de chalets sur pilotis (entre autres) du promoteur. Le collectif a publié, mardi sur le site de La Libre, une carte blanche soutenue notamment par l'explorateur Alain Hubert ou encore Antoine Lebrun, le CEO du WWF Belgique. Une carte blanche qui dénonce un projet "en décalage total avec les enjeux sociétaux actuels". "Il contredit les engagements politiques wallons concernant la protection de la biodiversité, l'arrêt de l'artificialisation du territoire et la nécessité de localiser les nouveaux logements près des services et des transports en commun."


Des chalets et des appartements


Le projet prévoit l’installation de 135 chalets sur pilotis ainsi que dix immeubles de 148 appartements dans la partie boisée. Pour ce projet, un permis d’urbanisme a été demandé par la société de Christophe Nihon. Ce dernier a introduit un recours auprès du ministre (MR) Willy Borsus (en charge de l’Aménagement du territoire en Wallonie) après un avis négatif du fonctionnaire délégué de la Région.


Le collectif représenté par Myriam Hilgers, qui possède une maison dans la commune, explique qu'il y a plusieurs problèmes. "Construire autant de chalets et d'appartements dans un bois, ça impose aussi de creuser des trous pour installer les impétrants (NdlR :eau, gaz, électricité) et donc d'abîmer des arbres. Dans l'autre partie qui est déjà urbanisée où on trouve les bâtiments de Proximus, le promoteur veut construire un centre de revalidation. Il précise qu'il n'a pas besoin de permis puisqu'il va repartir des bâtiments qui existent déjà. Mais je ne vois pas comment."


Madame Hilgers et les autres membres du collectif considèrent aussi qu'il y a un problème au niveau de l'épuration des eaux. "Comme il n'y a pas de station d'épuration assez grande sur place, il compte faire venir chaque jour quatre camions pour vider les fosses septiques et amener les eaux à la station de Rochefort." La mobilité est un autre motif d'inquiétude. "Selon nos calculs, son projet amènerait une population de près de 700 personnes. Pour rallier les grands axes, il faut traverser le village. Pour nous, le problème est double. Il va maltraiter la nature et l'environnement des gens qui vivent ici", conclut-elle.


Le collectif souhaite que Proximus accepte de vendre la parcelle à des naturalistes


Le Collectif des Antennes souhaite que Proximus ne renouvelle pas, en janvier, la convention qui la lie à monsieur Nihon et qu'elle accepte de vendre la parcelle à des naturalistes. "Elle pourrait être gérée par Natagora. Il y a quelques années, Proximus demandait 850.000 euros. Mais nous savons que le promoteur a proposé plus évidemment."


Christophe Nihon refuse de polémiquer. "Si la carte blanche disait la vérité, je l'aurais signée moi-même. Mais elle est remplie d'erreurs et de mensonges", précise-t-il refusant de dire quels sont ces erreurs et ces mensonges, "parce qu'il y a une procédure en cours". Néanmoins, il tient à préciser qu'il "a accompagné la Wallonie à la Cop 26 et que son projet a été présenté comme exemplaire par la Région". Tous les acteurs de ce dossier sont donc suspendus à la décision du ministre Borsus qui doit intervenir mi-décembre, le ministre ayant sollicité un avis complémentaire auprès de l'administration.


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